Ma vision de la notion "d'animalité"

Par Sparwari
Animalité…
J’aime bien ce mot. C’est mon Graal. Le terme qui jouait à cache-cache avec moi depuis que je suis gamine et que j’essayais d’attraper… j’ai réussi, maintenant. J’ai mis un mot sur ce que je pensais être. Il m’en aura fallu, du temps. Il m’en aura fallu, de la patience. Mais je l’ai, maintenant. Je l’ai entre mes doigts, ce lingot. Cet Anneau Unique qui fait que nous sommes tous là, sur ce forum, à échanger nos points de vue et nos impressions concernant ce nom étrange…
Animalité. Douce animalité…
Tu as toujours été là. Sans jamais te montrer réellement.
C’est difficile de mettre des mots sur quelque chose de diamétralement opposé à la notion même de langage… mais je vais essayer.
Tout à l’heure, on m’a posé une question. Une question qui m’a fait réfléchir. Qui a mis le feu sous mon crâne et qui a porté mes pensées à ébullition.
“Qu’est-ce que ça fait ?”
Qu’est-ce que ça fait de se sentir animal ? D’être, justement, un de ces “Zoosapiens” ?
Une fois, j’ai vu quelqu’un à qui on avait posé cette question répondre : “Et toi, qu’est-ce que ça te fait d’être humain ?”. Je ris de cette réponse. D’un rire jaune.
Il faudrait être bien orgueilleux pour se prétendre autre qu’humain. Si on découpe le cerveau du premier thérian ou otherkin venu, on trouvera un cerveau de base. Un cerveau de base avec des capacités et un fonctionnement différents, cela va de soi. Mais, en ouvrant un crâne, on trouvera toujours cette gelée rosâtre et dégoûtante qui, je vous le rappelle, nous permet de nous trouver ici, sur le net.
Bref. Qu’est-ce que ça fait ?
Je vais m’avancer dans une forêt vierge avec mon propre regard et mon propre ressenti.
Pour moi, l’animalité, c’est une somme. C’est comme un château de cartes. C’est une carte. Plus une carte. Plus une carte. Plus une carte. Plus d’autres cartes. Qui forment un château de cartes.
Pourtant, il y a plusieurs façon de faire un château de cartes. Tout comme il y a plusieurs manières de vivre son animalité.
La nature des cartes varie selon les individus, je pense. Un caractère. Un souvenir. Des envies particulières. Des tendances spéciales. Des membres fantômes ressentis. Chacun de ces termes peut représenter une carte, et donc un des piliers du château. C’est complexe, un esprit. C’est complexe aussi, l’animalité… c’est complexe, un château. Il y a beaucoup de piliers. Il faut faire les fondations, les piliers, les tours, les parapets, le donjon…
Comment expliquer ? Comment décrire ? Autrement que par cette idée de château qui nous fait voir la vie autrement ?
Pour moi, c’est ce qui nous donne une manière de voir, et d’appréhender le monde d’une manière particulière. Quelque chose qui nous fait nous sentir autre chose que ce que nous devrions être. Un Homo Sapiens normal pense rarement au plaisir jouissif qu’on a à se mordiller, à mordiller, griffer, observer… de Vivre comme ça, en somme. L’Homo Sapiens lambda peine à penser qu’il est possible de penser autrement qu’avec des mots… et pourtant…
Être animal, à mes yeux, ça n’est pas bomber le torse en grognant : “Rawr, je suis un loup/ours/requin/aigle/fox à poils durs, tu as vu ma particularité ?”. Un thérian, en général, ça ferme son bec. Surtout quand ça a réalisé à quel point ses idéaux sont en décalage par rapport à la société…
Il m’est avis que ce qui nous pousse à nous identifier à une bestiole, qu’elle soit poilue, écaillée, emplumée, qu’elle vive dans l’eau, sur terre ou dans les airs, c’est bien la superposition de traits. C’est pour ça que toi, jeune Internaute, tu pourras, si tu n’es pas thérian, te trouver des points communs avec des amis à toi qui le sont. Et vice et versa. Si tu te considères comme thérian, tu peux te trouver des caractères en commun ( Caractères que tu attribues comme étant un des piliers de ton château-animalité compris ) avec des gens qui ne se sentent absolument pas animaux.
C’est une alchimie, pour moi. Un formidable procédé psychologique. Comme en cours de chimie, où quand tu mélanges différentes substances, tu obtiens une solution avec des jolis précipités de toutes les couleurs… là, c’est pareil. Les éléments à part n’ont rien de particulier, mais quand ces éléments de ton Toi se tissent et se mélangent, ça forme ce Toi avec ce côté franchement bestiole.
Ni plus ni moins que ça, j’ai envie de dire.
C’est mon point de vue. Mon ressenti. Mon regard sur la thérianthropie. Je peux vous parler de ce qu’est pour moi la thérianthropie, mais de l’autre côté, je reste incapable de vous dire Pourquoi. Je suis dans l’incapacité totale de vous dire ce qui est à l’origine de cette étrange alchimie. Je ne sais pas ce qui fait que les cartes tiennent ensemble pour faire le château…
Et même si j’aimerais le savoir, honnêtement, ça ne fait dans l’immédiat pas avancer la chose…

"Réel ou pas?"

Par Akhila
J’ai écrit ça sur un blog en réponse à l’idée que la thérianthropie et les identités otherkin puissent n’être que le produit d’une société occidentale, argument qui était aussi utilisé dans le débat pour sous-entendre que ces expériences n’étaient ni légitimes ni même réelles.
D’ordinaire j’ignore ce genre de discussions parce que je pense que je n’ai pas à me justifier auprès de qui que ce soit. Au bout du compte c’est mon affaire si je m’identifie en tant qu’animal, et je ne tolère pas dans mon entourage ceux qui s’imaginent que c’est une pratique acceptable que de fliquer les gens sur leur concept de soi. Cette fois cependant j’aimerais démystifier une idée reçue à propos de la constitution/construction des identités, parce que les argumentations pseudo-scientifiques que certains tentent d’utiliser pour discréditer la thérianthropie ne tiennent pas debout.
On ne peut pas juste prendre le concept de construction sociale pour en faire n’importe quoi; enfin je veux dire que certains essayent bien, mais ce n’est pas comme ça que ça marche. Si l’on examine l’idée que le contexte socio-historique puisse influencer la façon dont les individus se pensent/construisent, il y a tout un tas de sources littéraires à ce sujet. Concernant les auteurs qui écrivent plus spécifiquement à propos des phénomènes mentaux qui seraient plus répandus dans les sociétés occidentales, de tête je peux déjà citer Ian Hacking au sujet de la personnalité multiple/trouble dissociatif de l’identité, et Alain Ehrenberg à propos de la dépression clinique et des névroses en général; ce qui ne veut pas dire non plus que la maladie mentale est une chose entièrement construite socialement, mais en lisant ces auteurs on peut avoir un aperçu de la manière dont un contexte socio-historique puisse aussi mener à ce qui nous apparaît alors comme une augmentation de la population affectée par ces troubles.
Dans la même veine, on a de plus en plus suggéré le fait que les avancées techniques et la visibilité dans les médias du 20e siècle ont permis de rendre les parcours de vie trans “possible” et “accessibles” aux yeux des personnes qui se questionnaient sur leur genre. Pour faire simple, quand les gens savent que quelque chose existe, il y a plus de chance qu’ils comprennent ce qui leur arrive au travers de ce prisme là, et qu’ils utilisent ces termes ou concepts là pour se décrire.
Maintenant, la possibilité qu’au fond on puisse être un autre animal, ou avoir l’âme d’un animal, n’est pas une croyance récente au regard de l’histoire de l’humanité; mais je n’ai pas envie d’argumenter là-dessus parce que je ne crois pas qu’il faille nécessairement qu’une chose ait existé par le passé pour qu’elle soit légitime dans les temps modernes. Je peux considérer la thérianthropie en tant que telle, un phénomène récent dont la sous-culture trouve ses fondements au début des années 90 (et pour les otherkin, qui remonte même aux années 70 avec les Silver Elves). Il y a très peu d’études qui se sont intéressées à ces population et il semblerait que ça ait surtout été des sondages en ligne, et donc il y a dès le départ certains biais comme par exemple qui peut simplement répondre à ces sondages (c’est à dire, principalement des personnes anglophones qui ont accès à Internet).
Maintenant que ceci a été dit et si l’on met de côté ce biais, est-ce que la thérianthropie/les otherkin semblent plus typiques de sociétés occidentales? Eh bien cela pourrait bien être le cas oui. Mais est-ce que cela signifie alors que les identités otherkin et thérianes relèvent du délire, sont “simulées”, et qu’elles peuvent être “démontées” d’une manière ou l’autre?
Ce serait comme dire que les personnes trans ou les individus qui souffrent de dépression font du cinéma – non pas que je pense que les transidentités soient une maladie mentale, ce n’est pas le cas, et je suis moi-même trans. Je ne suis pas neurotypique non plus. On sait que ces populations ne cherchent pas à “faire les intéressants” ni à “se conforter” dans leur situation et leurs bizarreries. Peut être qu’il y a une réelle augmentation de telle ou telle population; peut être que cette population est simplement plus visible ou que certains troubles sont mieux diagnostiqués. Peut être que c’est la faute des sociétés occidentales qui mettent l’individu au centre des préoccupations, et que plus de gens qu’auparavant ont le temps et les ressources de réfléchir sur eux-mêmes.
Malgré tout, ces personnes qui ont des identités atypiques, ou qui souffrent de certains troubles, ont des expériences valides et légitimes. Elles “n’inventent” pas ce qu’elles sont ou ce qu’elles ressentent. Peut être qu’elles sont en partie ou totalement le produit de leur époque, mais quand bien même, leurs expériences sont réelles. Des gens vont voir le psy ou doivent prendre de médicaments, ou ont besoin d’opérations chirurgicales et ainsi de suite, à cause de phénomènes bien réels qui affectent leur vie (par exemple, le sentiment de dysphorie de genre pour une partie de la population trans). De nombreux thérianthropes ressentent des membres fantômes surnuméraires, qui est un phénomène déjà répertorié par la communauté scientifique. Il ne s’agit pas de prendre ses désirs pour des réalités, même si bien sûr il pourrait aussi y avoir quelques personnes qui délirent parmi tout ceux qui se déclarent thérianthropes.
Et je ne vais pas débattre de si ces sensations non-humaines sont “identiques à celles vraiment vécues par l’animal en question”. Déjà, on n’a même pas la même biologie, et je ne crois pas que qui que ce soit de raisonnable ait nié le fait qu’ils possèdent un corps humain. Mais comme Quil a pu l’expliquer dans l’un de ses textes, dire que l’on est tel animal est juste la manière la plus simple, la meilleure approximation pour expliquer ce que nous ressentons; le fait que nos comportements et nos schémas de pensée et ainsi de suite ressemblent à ce que nous – oui, nous en tant que personnes qui vivent dans des corps humains et une société humaine – nous pensons que ces animaux sont. On ne peut pas vraiment savoir, exactement, ce que c’est que d’être un animal qui n’ait pas un corps humain, comme on n’en a pas l’expérience pratique. Malgré tout, même si l’on ne peux pas dire si l’expérience de loup d’un être humain est exactement la même que celle d’un loup non-humain, on ne peut pas ignorer toutes les manières desquelles nous sommes différents des “humains qui s’identifient à des humains”.
En dernier lieu, on ne sait pas encore ce qui cause la thérianthropie, mais étant donné la forte proportion dans la communauté thériane/otherkin d’individus trans, ou qui se trouvent dans le spectre autistique ou présentent d’autres particularités neuro-atypiques, il y a sans doutes bien plus que des schémas culturels à l’oeuvre au sein de cette population. Mais ceci mis à part, je voudrais juste que les gens se souviennent que les constructions sociales n’ont pas moins d’effets et ne sont pas moins réelles que ce que l’on considère comme des caractéristiques innées; et comme la science a commencé à le découvrir depuis plusieurs dizaines d’années, il n’y a pas de distinction si propre, claire et nette que ça entre l’inné et l’acquis, pour commencer.

Dysphorie

Par ninmenjuushin
par exemple, voila ce qu’est la dysphorie. c’est ça que les gens ne comprennent pas. la plupart voient un super déguisement et se disent “oh waouh super le costume” ou “oh waouh je le veux pour telle convention” ou “oh waouh j’adorerais être pris en photo là-dedans”.
moi, je me sens malade et terrible physiquement parce que mon corps a besoin d’être comme ça. il faut que mes mains soient des serres. que mes cheveux soient des plumes. et je veux que ça soit réaliste. je veux que les gens puissent me regarder et se dire “waouh, une personne-oiseau”; pas “waouh, quelqu’un dans un costume”.
et quand je vois un costume comme ça, je passe des heures ou même des jours entiers à chercher encore et encore pour essayer de trouver quelqu’un qui accepte les commandes, qui soit véritablement capable de faire un beau boulot bien réaliste de ce genre, et ensuite je dois affronter le fait que même si je pouvais me faire fabriquer un truc de ce genre, je me débattrais pour respirer ou me sentir à l’aise là-dedans à cause de stupides problèmes sensoriels et le risque de l’abimer ou de le salir me rendrait parano
mais c’est de cette manière que je VEUX QUE LES GENS ME VOIENT. 24 heures sur 24. et ça me tue que ça ne soit pas le cas, ça me tue que je ne puisse pas regarder mes propres putain de pieds et voir quelque chose qui soit comme il faudrait, ça me tue que je ne puisse pas regarder dans un miroir et voir mes yeux d’oiseau, sans même parler de problèmes du genre “mon corps ne bouge pas comme il faut” et les problèmes sociaux et
mince, je vous emmerde tous, C’EST UNE PUTAIN DE MALADIE pour moi, ça affecte ma qualité de vie de façon négative, je m’en fout si ça semble stupide à en mourir pour vous ou si vous “avez arrêté de vouloir être un animal quand vous aviez 5 ans”, et je n’en ai rien à foutre parce que, que ça semble idiot ou pas, C’EST CE DONT J’AI BESOIN. et non, je ne sais pas quelle mutation de mon cerveau, ou problème lorsque j’ai grandi, ou trouble freudien du genre “papa ne m’aimait pas” a fait de moi ce que je suis, mais c’est ce que je suis à présent et je n’ai jamais pu y mettre un terme.
et si vous vous dites que ce n’est pas un truc sérieux et que ça n’existe pas, alors disparaissez gentiment de cette planète parce que j’en ai ma claque. j’en ai marre à 5000% des pseudo-psy du dimanche qui me disent que ce truc n’est pas réel alors même que les vrais psy professionnels me disent que ça l’est.

Une clarification

Par Aethyriek
Je m’identifie en tant que chauve-souris, mais être humain en fait partie intégrante (pour moi, pas forcément pour tous les otherkin). Pour moi il n’y a pas de dimension religieuse ou même vraiment spirituelle à cela. Certains aspects sont une métaphore, certains ne le sont pas, mais ce n’est pas spirituel.
Etre une chauve-souris comprend des intersections entre (pour faire simple) la fonction, la forme, et la symbolique.
La fonction c’est l’aspect comportemental non romantique. Mes façons de penser, mon sentiment d’appartenance, ce qui m’est confortable, mes comportements en eux-même, qui se recoupent avec ou ressemblent à la chauve-souris.
La forme c’est le corps. La dysphorie, et les sensations d’une structure corporelle qui n’existe pas, le réconfort qu’apporte certains mouvements, etc.
La symbolique c’est la compréhension métaphorique et conceptuelle de “chauve-souris”, qui entre en intersection avec le concept de “chez soi” et d’appartenance, inclue les interprétations personnelles et mythologiques de la chauve-souris, parce que je suis à l’intersection de l’humain et de l’animal, et qu’en tant qu’humain comprendre certaines de mes expériences au travers des mythes fait sens, sans être spirituel.
Les trois rejoignent “s’identifier en tant que” (et non pas “s’identifier avec”), où je me sens moins étranger quand j’interagis avec cette espèce, ou quand je lis des choses sur cette espèce, que je ne me sens parfois avec des personnes humaines. (Pas absolument toutes les chauve-souris bien sûr, puisque c’est un ordre animal et pas une espèce particulière, mais j’essaye de simplifier tout ça.) Tout cela mène à un concept de soi, pas de manière forcée mais en tant que ma manière d’être naturelle, celui d’une femme qui se sent dans son élément, plus honnête, plus naturelle en étant quelque chose à la frontière entre femme et chauve-souris.
Au bout du compte, j’ai toujours dit qu’on peut regarder le concept d’otherkin ou d’être chauve-souris comme une étiquette pour un ensemble d’expériences, et c’est le cas. Je vois être une artiste et être une femme comme des étiquettes pour un ensemble d’expériences de manière similaire, comme des descripteurs de certains traits. Cependant, me décrire en tant que peintre ou femme sont des choses qui font sens pour tous. Quand je dit ces choses, elles ont du poids. Quand je dit que je suis une chauve-souris, cela devrait avoir du poids. C’est un mot qui renvoie à des expériences et un état profonds et lourds de sens, un autre part de moi qui tend (pour le moment) à être masquée et que je n’ai l’occasion de pouvoir exprimer que de manière limité.
Oui, à la base ça peut paraître idiot, des gens qui disent être des fées ou des chauve-souris ou autre. L’idée d’un terme comme “otherkin” est que l’on puisse trouver d’autres avec qui laisser tomber nos masques, ou si l’on ne porte pas de masque en premier lieu, avec qui l’on puisse vraiment partager. J’espère un jour que plus de gens prendront conscience de toutes les nuances subtiles de ce que signifie vraiment “être otherkin”, parce que le concept paraît réellement moins stupide, je trouve, une fois que les personnes comprennent vraiment ce qui se cache derrière tout ça quand nous déclarons que nous sommes “autre-qu’humains”, et pourquoi cela signifie tellement pour nous.

Terminologie

Par Akhila
Ce n’est pas parce qu’un terme a été créé et est occasionnellement utilisé qu’il est nécessairement pertinent; mais comme certaines des traductions présentées dans cette section font parfois référence à un mot ou l’autre, j’ai regroupé dans cet article différentes définitions parfois nécessaires pour comprendre de quoi il retourne.
Il est primordial de se souvenir d’une chose cependant: il est parfaitement possible de parler de thérianthropie, y compris avec d’autres thérians, sans utiliser aucun jargon particulier. Les étiquettes ne devraient servir que pour faciliter la communication par des petits “raccourcis” de langage, pour résumer en un mot un concept, mais en revanche cela ne sert à rien d’utiliser tout un tas de termes obscurs qu’il faudra de toute manière expliquer pour se faire comprendre. Au final ça fait perdre plus de temps et d’énergie qu’autre chose, en plus d’embrouiller les autres.
D’autre part, il faut bien garder à l’esprit que souvent chacun a sa propre version d’un mot ou d’une étiquette pour désigner telle ou telle chose, ce qui veut dire que deux personnes veulent parfois dire quelque chose de très différent avec le même terme. Même si deux individus se décrivent comme “thérianthropes”, leur expérience de la thérianthropie peut être radicalement différente l’une de l’autre. C’est donc souvent plus approprié d’expliciter ce que l’on veut dire, comment on vit notre animalité, plutôt que balancer un assortiment de termes qui seront mal compris.
Pour prendre un exemple particulier: bien qu’à une époque les personnes animales utilisaient indifféremment “thérianthrope” et “were” pour se désigner, le terme “were” a été très popularisé par certains artistes du fandom “furry” pour désigner un certain type de créature anthropomorphique – alors que les thérians eux parlaient de ce qu’ils étaient, leur identité animale. C’est pourquoi les thérians ont progressivement abandonné l’usage de “were”, afin d’éviter toute confusion entre leur concept d’identité animale, et les créatures fantastiques populaires dans la communauté furry.
 
Index

 

  • Thérianthropie

Pour reprendre une définition utilisée dans un autre texte, la thérianthropie se définie par un état, une perception et un ressenti de soi et du monde non-temporaires qui amènent une personne à se considérer et s’identifier profondément en tant qu’animal (autre qu’homo sapiens), en dépit de sa biologie et de son éducation humaine.
Par “non-temporaire” on entend que cette expérience de soi est spontanée et toujours présente au cours de la vie, elle ne varie pas en fonction des croyances de l’individu; nier son existence ne la fait pas disparaître pour le thérianthrope, tout comme l’auto-persuasion ne crée pas la thérianthropie chez la personne non-thériane. En effet la thérianthropie elle-même ne relève pas de la religion ou d’une spiritualité à laquelle on peut adhérer, c’est un état, une condition non-pathologique, que l’on présente ou non. Chaque individu peut bien sûr par la suite expliquer la raison de son état par des théories de nature spirituelle (comme la réincarnation), ou encore psychologique, neurologique, et cetera.
Il n’y a aucun moyen pour devenir thérian, pas plus qu’il n’y a de solution miracle pour faire disparaître la thérianthropie.

  • Thérianthrope

Un(e) thérianthrope est donc une personne qui, bien qu’elle ait conscience d’avoir un corps humain – son expérience ne relève pas du déni ou délire comme la lycanthropie clinique – se vit en tant qu’animal non-humain.
La thérianthropie se différencie du totémisme par le fait qu’un totem est un archétype ou une entité distincte de la personne et qui lui prête des attributs (si intégration il y a, elle reste partielle ou temporaire). Le thérian est l’animal, la facette animale n’est pas séparée avec une personnalité différente de la personne, d’autres motivations, un autre nom, etc.
Le thérianthrope se distingue aussi du furry: un furry est un fan de créatures anthropomorphiques qui possède parfois un personnage animal pour le représenter (fursona, avatar, …). On appelle aussi “furry” ce type de personnage anthropomorphique en question. Le furry relève généralement du fandom et parfois du roleplay, tandis que la thérianthropie est une identité profonde.
Bien sûr il est possible d’être à la fois thérian et furry, qu’on connaisse les termes en question ou non – on peut être une personne-animale fan d’animaux anthropomorphiques, tout comme on peut être un furry qui s’identifie profondément à un animal. Il y a donc certaines personnes qui correspondent aux deux catégories à la fois.

  • Otherkin

De l’Anglais “other” (autre) et “kin” (pairs, parenté). Il y a deux définitions d’otherkin, ce terme pouvant désigner deux choses selon le contexte:

  1. otherkin désigne généralement une personne qui s’identifie à une créature non-humaine fantastique/mythologique (elfe, dragon, ange, kitsune…).
  2. otherkin peut aussi comprendre plus largement n’importe quelle personne s’identifiant à une créature non-humaine, incluant de fait les thérianthropes dans cette définition.

De plus, il est possible de se considérer à la fois comme otherkin et thérian: c’est souvent le cas des personnes phoenix et gryphons par exemple, qui peuvent se sentir à la fois comme la créature de légende et comme une espèce animale d’oiseau et autre en particulier. Les communautés otherkin et thériane ont chacune une origine différente, avec leurs propres terminologie et sites web distincts, même si elles tendent aujourd’hui à se rapprocher.
Le type de créature auquel un otherkin s’identifie est son ‘kintype (comme “thériotype” pour un thérian).

  • Thériotype

On appelle thériotype [aussi “therioside” en Anglais] , littéralement “type d’animal”, l’animal auquel s’identifie le thérianthrope. Un thérianthrope loup dira “mon thériotype est le loup”, un thérian chat/cygne dira “mes thériotypes sont le chat et le cygne”, etc.
Autrefois les thérians utilisaient les termes “phénotype” et “wereside”, mais ceux-ci sont tombés en désuétude: phénotype désigne généralement un caractère physique en génétique, tandis que wereside a été abandonné en même temps que “were” à cause de la confusion amenée par le furry fandom.

  • Shift, shifting

On appelle shift [“changement, transformation” en Anglais] toute variation de l’animalité chez un thérianthrope, comme par exemple se sentir plus intensément animal à un moment donné. Par “shifter” on entend généralement faire l’expérience d’une “shift mentale”, c’est à dire un changement de mentalité ou d’instincts où l’humanité cède place à l’animalité. Même si ce sont les chamboulements les plus drastiques ou spectaculaires qui viennent souvent à l’esprit lorsque l’on parle de shifts, elles concernent même les changements d’animalité minimes et superficiels. La  majorité des shifts sont assez modérées, c’est à dire que la personne conserve son “sens de l’humanité” sans se sentir entièrement aliéné du monde qui l’entoure.
Il existes d’autres types de shifts; la plupart des sous-catégories étant superflues, je m’arrêterai sur les principales:

  1. Shift fantôme: lorsque le thérianthrope se met à sentir un membre fantôme supernuméraire – c’est à dire membre qu’il n’a jamais possédé/dont on ne l’a jamais amputé, comme un museau ou des ailes). Si les membres fantômes se font ressentir de manière stable et constante, dans le cas d’un conthérian par exemple, on ne parle que de “membres fantômes” (ou plus rarement de meta-membres, “meta-limbs” en Anglais) et non pas de shifts.
  2. Shift onirique: lorsque le thérianthrope rêve qu’il se change en son animal durant son sommeil. Cependant, ce n’est pas parce que l’on a rêvé que l’on s’est changé en tel ou tel animal que c’est notre thériotype… Il est possible d’avoir ce genre de rêve mais qu’ils aient une signification symbolique et non littérale, ce n’est pas une “preuve” de thérianthropie.
  3. Shift physique: transformation physique en un animal. Celle-ci est impossible en réalité car l’ADN humain ne le permet pas. D’autre part, la dépense énergétique nécessaire pour pouvoir réaliser un tel changement en l’espace de quelques minutes serait tellement énorme qu’elle est tout simplement impossible – et si elle ne l’était pas, le processus serait biologiquement drastique, au point d’être léthal.
  4. Caméo-shift: une shift “caméo” est une shift (mentale ou autre) vers une espèce autre que celle de son thériotype. N’importe quel thérian ou non-thérian peut en faire l’expérience, que ça soit une bizarrerie psychologique, physiologique, ou l’expression d’un totem animal, selon les croyances de chacun. Cette expérience n’est donc pas propre à la thérianthropie.
  • Conthérianthrope

La conthérianthropie est une variante de la thérianthropie (en d’autres termes une sous-catégorie). Les conthérians ne “shiftent” pas, c’est à dire qu’ils ne font pas l’expérience de variations dans leur animalité, ou de son intensité, au cours du temps.
Les thérianthropes shiftent car leur animalité et leur humanité sont très légèrement distincts l’une de l’autre, donc il est possible qu’il y ait un va-et-vient entre les deux; une personne dira qu’à certains moments elle se sent plus animale, que l’animal “fait surface”. Généralement elle ressent son animalité constamment “en background”, et celle-ci passe parfois au premier plan en se faisant plus forte.
Un conthérian, lui, n’a pas d’expériences de ce type (pas de variation dans son animalité, il ne shifte pas) car son animalité et son humanité ne sont pas distinctes l’une de l’autre – la personne n’a pas une vision binaire de l’animalité s’opposant à l’humanité, elle est simultanément les deux, “humanimal”. Il n’y a aucune marge de variation d’un extrême à l’autre, puisque pas d’extrêmes du tout, donc le conthérian ne se sent pas plus ni moins animal selon les moments.

  •  Cladothérianthrope

La cladothérianthropie est une catégorie de thérianthropie où la personne ne s’identifie pas à une espèce animale précise mais à toute une famille d’espèces parentes, par exemple les canidés, ou les félins, les cervidés, et cetera (le grec “clade” signifie branche). La personne peut avoir le sentiment que son identité animale est “la somme” de toutes les espèces à l’intérieur d’une branche donnée, ou bien encore que son animalité est comme une représentation ou incarnation de “l’essence” commune à ces espèces proches.

  • Polythérian

Un polythérian (anciennement “polywere”) est un thérian qui s’identifie et shift en plus d’un animal non-humain. Il peut par exemple s’identifier à l’ours et au chien, et faire l’expérience de shifts vers l’un ou l’autre de ces animaux, ou bien les deux simultanément (en une créature hybride par exemple). Il n’y a théoriquement pas de “limite” au nombre d’animaux auxquels un polythérian peut s’identifier, mais en général plus ceux-ci sont nombreux et plus la personne suscite la suspicion. La plupart des polythérians ont deux thériotypes, plus rarement trois voir quatre. Il semble assez courant d’être induit en erreur et de prendre les caméo-shifts d’un animal pour son thériotype, ou croire que son “totem” est l’un de ses thériotypes alors que cette expérience ne relève pas de la thérianthropie.

  • Polymorphe

Un polymorphe ou encore (poly)shifter est un thérian qui n’a pas de thériotype fixe, ou dont le thériotype est une créature qui prend la forme d’autres espèces. Habituellement, le polymorphe possède quelques “formes de prédilection” qui sont les espèces en lesquelles il shift le plus souvent et avec lesquelles son identification est la plus profonde, mais il peut tout de même parfois avoir des shifts en d’autres types de créatures. Un polymorphe n’est pas un thérian indécis ou “qui se cherche encore”, c’est une catégorie de thérianthrope dont l’animalité est très fluctuante par nature.

La thérianthropie [II – La communauté]

Par Akhila
Historiquement, le terme de thérianthropie spirituelle s’est construit en miroir avec la thérianthropie physique et le mythe des créatures-garou qui se changeaient en animaux, et désignait pour les weres la capacité à opérer une métamorphose mentale et adopter le mode de pensée et les réactions d’un animal quelconque – d’où la qualification de “spirituelle” en opposition au monde physique. Aujourd’hui cependant ce n’est plus la définition acceptée par la très grande majorité des personnes animales, qui considèrent que ce qui définit le thérianthrope est avant tout le caractère profondément identitaire de sa relation à un animal, indépendamment des croyances spirituelles de la personne ou de tout concept de métamorphose (qui n’est plus considéré comme une caractéristique propre et définissant un thérian). De nos jours on parle seulement de thérianthropie et rarement de thérianthropie spirituelle, même si les explications et définitions faisant référence au surnaturel sont toujours populaires.
En effet, la thérianthropie n’est pas une religion. Tandis que le totémisme est un système de croyances où une espèce naturelle représente un ancêtre ou un groupe social, et généralement une entité externe avec laquelle on peut communiquer et qui peut éventuellement nous prêter sa puissance ou ses traits au travers d’un ensemble de pratiques, la thérianthropie en revanche est un état mental où l’animal est un aspect identitaire et purement interne – l’animal n’est pas une force extérieure, mais une caractéristique de la personne et elle n’a donc pas en soi de volonté ni parole propres. Le mental et le spirituel ne sont pas forcément en lien, ce qui fait qu’un thérian loup ayant un penchant pour le totémisme a généralement un totem qui n’a aucun rapport avec son identité animale, bien que l’inverse puisse être possible.
Certaines personnes ont émis l’hypothèse que le lien d’un totémiste avec son animal puisse être si intense et fusionnel qu’il intègre complètement sa nature animale à son identité et appartienne en ce sens à une catégorie de thérianthropes tout aussi légitime; il est à noter que les personnes se décrivant comme telles sont très largement minoritaires dans la communauté thériane. Cependant, de tout temps des rapprochements ont été faits entre la thérianthropie et diverses spiritualités animistes, et ce phénomène n’est sans doutes pas étranger au fait qu’un grand nombre de “weres” aux débuts de la communauté partageaient ces croyances et qu’elles ont largement contribué, avec la fiction, à permettre l’émergence du concept de thérianthropie en lui proposant un imaginaire et des notions spécifiques tirés d’autres domaines (comme le concept de shapeshifting auquel nous reviendront plus tard).
La communauté thérianthrope est souvent associée à la communauté otherkin qui s’est développée à la même époque (avec des racines remontant aux années 70) où des personnes s’identifient comme non-humains et revandiquent cette fois une filiation mythologique – les initiateurs du mouvement s’identifiaient principalement en tant qu’elfes. A fil des ans, le terme otherkin s’est élargi à tout un spectre de créatures légendaires de toutes les cultures telles que les dragons, les fées, ou les kitsunes, parfois même jusqu’à englober les créatures terrestres qui relèvent de la thérianthropie. En conséquence de nos jours les thérianthropes sont parfois considérés comme une catégorie d’otherkins, et certaines personnes animales se désignent aussi par ce terme – mais bien que de nombreuses interactions se produisent entre les deux communautés, elles possèdent chacune leurs valeurs et croyances propres.
Par exemple, un thérianthrope avançant des théories spirituelles sur les forums modernes les plus populaires pour justifier de son animalité est souvent considéré comme au bas mot “excentrique” par ses pairs. Selon les forums et les individus, les opinions peuvent varier, allant de groupes qui assimilent complètement l’un à l’autre, à des groupes de personnes animales qui ne s’identifient pas du tout à la communauté otherkin ni en tant qu’otherkin et pourraient considérer la méprise comme insultante. Tandis que la plupart des otherkins ne remettent pas en doute la véracité de l’existance légitime des thérianthropes, l’inverse n’est pas forcément vrai et de nombreuses personnes animales pensent que le phénomène otherkin relève d’un imaginaire trop prenant et que s’identifier à une créature légendaire ne relève pas d’une expérience légitime, à moins que l’on parle de symbolisme au sens strict.
Une autre sous-culture déjà présente depuis le milieu des années 80 et qui partage quelques points communs avec la communauté thériane est le mouvement furry ou furry fandom. Les personnes appartenant à ce mouvement se définissent de manière générale par un intérêt pour les créatures anthropomorphes, c’est à dire des animaux possédant des caractéristiques humaines. Bien que la communauté thériane ne soit pas directement issue du mouvement furry, de nombreux “furs” se retrouvèrent sans doutes sur AHWw et encore de nos jours certains furs n’incarnent pas simplement un personnage fictionnel mais peuvent s’identifier intégralement à un animal, correspondant ainsi à la définition moderne de thérianthrope, sans pour autant utiliser ce dernier terme ni même le connaître.
La ligne de démarcation entre ces deux groupes reste d’autant plus floue et poreuse que rien n’empêche un individu de se considérer à la fois thérianthrope et furry (une personne animale fan de créatures anthropomorphique, en somme), et certaines personnes naviguent indifféremment entre les deux groupes, même si des dissensions peuvent exister: de nombreux thérianthropes peuvent regarder avec mépris les furs pour qui l’animalité semble relèver de la performance ou du superficiel, tandis que la plupart des furs ne comprennent pas le ressenti des thérianthropes ou considèrent le concept d’identité animale profonde comme saugrenue et relevant de la simple croyance, voir même de la pathologie mentale. La plupart des furries n’ont pas une idée très claire de ce qu’est la thérianthropie, et l’inverse est tout aussi vrai, bien que cela varie grandement d’un forum à l’autre et d’une personne à l’autre. Il est difficile de faire des généralités en ce domaine.
Il existe une dernière sphère d’influence, bien que moins évidente et reconnue car plus discrète, qui a certainement contribué en partie à la définition moderne de la thérianthropie: l’influence d’autres minorités identitaires comme le mouvement transgenre et les théories queer des Gender Studies qui découlent des Cultural Studies américaines. L’un des aspects dont la communauté thériane a pu hériter est cette idée d’auto-détermination: seule une personne sait pour elle-même (et seulement elle-même) la nature de son identité, c’est à dire si il/elle est thérian ou pas; et d’autre part l’expérience pratique de la thérianthropie donne une légitimité pour en parler qui est tout aussi valide si ce n’est plus que celle que pourrait proposer un prétendu expert en sciences sociales ou en psychologie par exemple. Il y a une pensée de la ré-appropriation de son corps et de son identité.
On peut retrouver au sein de la communauté thériane une concentration déconcertante de personnes trans ou queer, et de nombreux membres influents de la communauté (figures “historiques”, auteurs de guides et essais qui sont diffusés et lus sur le net, administrateurs des sites principaux …) appartiennent à ces mouvances. C’est ainsi que le terme “trans-espèce” ou “transespèce” calqué sur le modèle “transsexuel” s’est développé et répandu, et que de nombreuses définitions de la thérianthropie par des parallèles entre identité de genre et identité d’espèce sont apparues, notamment:

De la même manière que les personnes transgenres ont une identité de genre qui diffère de leur sexe biologique, les personnes animales ont une identité d’espèce [species identity] qui est différente de leur espèce biologique.
Kusani dans Une introduction au concept d’animalité

Ou encore:

Pour tracer un parallèle, tout comme les personnes transgenres ou transsexuelles sont des individus dont l’identité de genre ne correspond pas à leur sexe anatomique, les thérianthropes sont des personnes dont l’identité d’espèce ne correspond pas à leur corps biologique.
Akhila dans Therianthropy (article en Anglais)

Il est bien entendu question de différences ou variations identitaires, et non pas d’anormalité autre que dans sont aspect purement statistique – les personnes animales sont rares mais non pas moins équilibrées, en dépit de leurs différences. S’inspirant des études sociologiques sur le genre des deux dernières décennies qui démontre que l’identité de genre n’est pas inhérent à l’anatomie et que s’identifier à l’autre sexe n’est pas en soi le signe d’une pathologie, de la même manière les thérianthropes ne se considèrent pas comme des malades mentaux puisqu’en dehors de leur identité animale quelque peut “hors norme” ils mènent une existence normale au même titre que d’autres êtres humains normalement constitués.
J’aimerais mentionner le fait que par “communauté” thériane j’entends seulement l’ensemble des individus, groupes, forums et sites web relatifs à la thérianthropie, où peuvent circuler certaines notions et terminologies communes. Il n’y a pas de communauté à proprement parler dans le sens d’un regroupement homogène d’un bloc sous l’autorité d’une figure unique, mais il existe un éclatement de divers groupes de discussions et sites isolés entre lesquels des échanges se produisent par les thérianthropes et pour eux-mêmes, et qui constituent parfois des références communes. Comme dans tout groupe social, des dynamiques de pouvoir et intérêts personnels (sociaux, identitaires, …) sont en jeu qui peuvent expliquer la prévalence de certaines opinions ou définitions au détriments des autres.
Je me dois d’insister sur le caractère particulièrement (si ce n’est uniquement) virtuel des regroupements thérians: cette communauté s’étant constituée par le biais d’Internet et ayant développé son propre réseau virtuel, c’est virtuellement que les personnes animales communiquent le plus entre eux, bien que dès le début du mouvement il y eût des volontés et tentatives de rencontres physiques sur le modèle des “conventions”. Plusieurs évènements de ce type se sont déjà produits, prenant généralement la forme de pic-niques ou semaines de camping entre personnes animales. On appelle ces rencontres des “Howls”, le nombre de participants pouvant varier de quelques personnes à plusieurs dizaines d’individus (je n’ai pas connaissance de Howls plus importantes à ce jour). Elles s’organisent généralement autour d’un lieu accessible aux personnes habitant une même région et parfois les états voisins – par exemple la Colorado Howl pour l’état du Colorado, NC Howl pour la Caroline du Nord, ou encore EuroHowl pour les thérians d’Europe (cette Howl s’est déroulée en 1996 et 1997 au Pays de Galles, et en Angleterre en 1999).
Cependant ces rencontres restent rares à l’échelle de la communauté, les raisons principales étant le manque d’initiative et le manque d’organisation pour proposer et mener à bien ces projets (tentatives avortées), mais aussi la grande disparité géographique des thérians entre eux qui rend l’opération trop coûteuse au niveau individuel. La plupart des intéractions et débats entre thérians se produisent donc par le biais d’Internet.

La thérianthropie [I – L'identité animale]

Par Akhila
Cet essai a pour but d’introduire le concept de thérianthropie et la communauté qui s’est construite autour. Je tiens à préciser qu’il y a une très grande diversités d’opinions et théories sur la nature de la thérianthropie et que je parle donc uniquement d’après mes observations et mon expérience personnelle de la communauté thérianthrope anglophone depuis 2001, les nombreuses discussions et débats dont j’ai pu être témoin jusqu’à nos jours, ainsi que tous les sites et textes antérieurs qu’il m’ait été donné de lire.
La plupart des définitions de ce qu’est la thérianthropie s’attachent à l’expliquer d’une manière au détriment d’une autre, mettant souvent en avant leur propre vérité sur la question; à l’inverse, ici je me suis attaché ici à rester le plus distant, clair et exhaustif possible quant au phénomène et son contexte.
Le terme “thérianthropie” est antérieur à la sous-culture thérianthrope et désigne généralement en anthropologie et mythologie les qualités hybrides des créatures mi-hommes mi-bêtes dans le folklore. Plus généralement la thérianthropie peut désigner le processus de transformation d’un être humain en animal. Le mot en lui-même est issu du grec therion, bête ou animal sauvage, et anthropos, qui désigne l’homme en tant qu’être humain. Au début des années 90, le terme fut récupéré par un groupe de personnes s’identifiant d’une manière ou l’autre à un animal afin de se décrire eux-mêmes; c’est ce qui nous intéresse sur ce site.
L’identité animale.
Bien qu’on puisse trouver dans l’Histoire des cas de sociétés où les personnes sont identifiées à des animaux d’une façon ou l’autre, la sous-culture dont il est question est très récente et a vu son apparition facilitée par Internet, par le biais des groupes de discussion Usenet, lorsqu’une branche de alt.horror dédiée aux loup-garous dans la fiction fit son apparition en 1992: alt.horror.werewolves, souvent résumée à “AHWw”, était née. Petit à petit, de plus en plus d’individus intéressés par les métamorphes de manière générale commencèrent à affluer, et les discussions se détournèrent des livres et des films jusqu’à s’intéresser à ce que les change-formes représentaient personnellement pour toutes ces personnes et comment ils intégraient cela à leur façon de vivre.
C’est là qu’émergea le concept de thérianthropie “spirituelle”. Au départ, la plupart des personnes utilisaient pour se désigner les terme “lycanthrope” et werewolf (loup-garou), qui devinrent “thérianthrope” et were (garou) afin de perdre leur caractère lupin spécifique. L’expression “personnes animales” est aussi employée par les thérianthropes pour se désigner, et peut parfois aussi recouvrir d’autres catégories d’identifications à un animal de manière plus large (certaines personnes animales, donc, peuvent ne pas correspondre au sens strict de “thérianthrope”). Il est de toute notoriété que “si l’on demande à dix weres de définir la thérianthropie, on obtient onze réponses” – en voici donc une qui met d’accord la plupart des thérians de nos jours.

La thérianthropie se définie par un état, une perception et un ressenti du monde, constants (c’est à dire non temporaires), qui mènent une personne à se considérer et s’identifier profondément en tant qu’animal (autre qu’homo sapiens), en dépit de sa biologie et éducation humaines.
(Akhila)

Un thérianthrope est donc une “personne-animale” et se vit ainsi. C’est le caractère identitaire et sensoriel de son état qui définit le thérianthrope, c’est à dire une expérience et non une croyance; mais il peut par la suite l’expliquer de manières très variables – les théories et suppositions les plus courantes étant de l’ordre scientifique (psychologiques, neurobiologiques) ou spirituelles (réincarnation notamment). On peut noter que certains thérianthropes s’identifient à des animaux aujourd’hui éteints, qu’ils soient adeptes de l’une ou l’autre de ces théories.
Il existe plusieurs addenda explicites ou implicites concernant l’expression de la thérianthropie: tout d’abord, de part l’identification animale profonde qui n’est ni volontaire ni temporaire, on ne “devient” pas thérianthrope par quelque démarche que ce soit. Il est de notoriété que soit on l’est, soit on ne l’est pas, et s’il est possible que cet aspect puisse être réprimé comme une autre facette de sa personnalité, il n’est pas possible de s’en débarrasser (tout comme on ne change pas d’orientation sexuelle sur demande).
En second lieu, le thérianthrope est souvent (mais pas systématiquement) sujet à des expériences sensorielles semblables à celles des membres fantômes de personnes amputées: l’individu peut ressentir des oreilles ou une gueule animale, des coussinets dans ses mains, de la fourrure sous ses vêtements; il peut aussi avoir la sensation que son corps n’a pas la bonne apparence, que ses jambes devraient être digitigrades et non plantigrades pour ceux qui s’identifient à des créatures de cet ordre, et ainsi de suite. Etant un être humain normalement constitué, le thérianthrope ne dispose pas de sens surdéveloppés, mais peut ressentir le monde qui l’entoure différemment et un certain nombre de thérians décrivent une intensité particulière dans ce qu’ils perçoivent par leurs sens.
Troisièmement, certaines personnes animales font aussi l’expérience de variations dans l’intensité avec laquelle ils vivent leur animalité ou ressentent leurs pulsions animales – on appelle cela une shift (changement ou transformation). Il s’agit en réalité moins d’une réelle “métamorphose” mentale que d’un moment à durée variable où le ressenti animal du thérianthrope sera plus exacerbé qu’à l’ordinaire (il dira généralement qu’il se sent “plus animal”). Cependant de nombreux thérians font l’expérience de leur animalité sans altération dans son intensité et sont étrangers au concept de shift. Je développerai la terminologie relative à la thérianthropie et aux shifts dans un essai à part.
Enfin, il est possible de s’identifier profondément à plus d’un animal à la fois (par exemple la chouette et le léopard, la loutre et le renard, …) qui peuvent alors être vécus comme des facettes plus ou moins distinctes les unes des autres ou à l’inverse s’exprimer en un tout hybride cohérent – un mélange des divers composants animaux et éventuellement de sa nature humaine. Cependant plus une personne présente de facettes animales différentes, moins elle a tendance à être prise au sérieux; et plus les autres thérians attendent d’elle qu’elle fasse ses preuves pour montrer qu’elle n’est pas dans l’erreur ou le déni.
En effet, l’usurpation de l’identité animale par des individus mal intentionnés à l’humour douteux ou par des personnes instables qui auraient perdu pieds avec la réalité est une crainte récurrente chez les thérianthropes, et la véracité ou légitimé du discours de chacun peut être remis en cause s’il semble manquer de cohérence ou d’honnêteté vis à vis des autres et de lui-même. Le degré de tolérance que les thérianthropes expriment envers leurs pairs varie grandement selon les époques et les groupes de discussions spécifiques, qui ont parfois chacun leurs propres critères pour définir une personne animale “sérieuse” et réelle.
Bien entendu ces critères ne se basent que sur des observations et des suppositions, même si ils peuvent faire preuve de pertinence. La plupart des personnes animales reconnaissent malgré tout que l’on ne peut pas savoir et affirmer à la place de la personne concernée ce qu’elle est réellement, c’est à dire si elle est thérianthrope ou pas, ainsi que la nature exacte de son animalité.

Une introduction au concept d'Animalité

Par Kusani ©Being Lion

Le concept d’animalité est plus connu sous l’appellation de thérianthropie spirituelle. La thérianthropie est un concept complexe qui défie les explications simplistes. Etymologiquement, c’est un mot signifiant homme-bête (de therion, “bête” et anthropos, “humain”); ceux qui font l’expérience de la thérianthropie s’appellent thérianthropes, ou thérians. Certaines personnes utilisent le terme “were” [garou], comme dans “werewolf” [loup-garou] ou “werebeast” [animal-garou]. Personnellement je ne suis plus très fan de ces termes. J’ai échangé “thérianthropie” avec “animalité” et “thérian” avec “personne animale”. Je ne connais pas énormément de monde qui soit familier des racines grecques, donc animalité et personne animale sont plus facilement et directement compréhensibles, et c’est la raison pour laquelle je les préfèrent.
Animalité. Sa propre nature animale. Personne animale. Quelqu’un qui est à la fois une personne et un animal.
L’animalité est un état d’identification avec un animal non-humain. C’est qui et ce que l’on est au niveau le plus profond, le plus basique, le plus instinctif. L’essence d’une personne est ce qui l’anime en pensées, en verbe, en action; les personnes animales sont mûes par un ensemble d’instincts, de désirs et de comportements qui sont analogues à ceux d’un animal non-humain. Ce noyau animal s’exprime au travers du corps humain, l’intellect, la manière dont l’on grandi, ce qui fait de nous des personnes animales et non de simples animaux à peau humaine.
Un bon ami à moi a tracé un excellent parallèle pour servir d’exemple: de la même manière que les personnes transgenres ont une identité de genre qui diffère de leur sexe biologique, les personnes animales ont une identité d’espèce [species identity] qui est différente de leur espèce biologique.
Etre une personne animale n’est pas quelque chose que l’on peut provoquer ou annuler volontairement. Ce n’est pas le choix conscient d’une représentation de soi; ce n’est pas une connexion totémique; ce n’est pas une “fursona” ou un personnage de jeu de rôle. L’animalité est essence, constante, et demeure même lorsque l’on cesse d’y penser. C’est une manière d’exister, de vivre, de percevoir et interprêter le monde, de faire l’exploration de soi et se comprendre. Ca ne tient pas plus de l’éphémère ou de la croyance que le genre d’une personne, que son ethnicité ou que son corps physique. Ce n’est pas un choix, c’est un fait de la vie.
Les personnes animales sont à la fois humaines et animales; cette combinaison crée une nouvelle sorte qui n’est pas simplement l’un ou l’autre selon le moment. Bien que de nombreuses personnes animales “shiftent” [changent], c’est à dire se ressentent et agissent de manière animale avec plus ou moins d’intensité, nous sommes tous toujours simultanément un peu humain et animal en même temps. Je ne crois pas que cela soit possible d’isoler completement l’animal et l’humain l’un de l’autre d’un trait net – c’est un mix, un tissage, un mélange de deux natures qui, avec le temps et les expériences de la vie, ont évolué et grandi en un tout complexe et complet.
Les personnes animales vivent les choses de manière fondamentalement différente des êtres humains et, la plupart des temps, de leurs semblables. Un individu jaguar aura une vision du monde différente de celle d’un coyote, et le paradigme d’un corbeau sera bien distinct de celui d’une personne équine. Le fait que des espèces aussi différentes puissent communiquer et se comprendre entre elles n’est que le fait de notre capacité humaine à nous exprimer et faire preuve d’empathie; la bonne entente entre les différentes sortes de personnes animales surpasse bien souvent celle des groupes mixtes d’humains et d’animaux, simplement parce que les personnes animales ont tendance à agir et interagir sur des bases plus instinctives et moins intellectuelles. Cependant il existe de nombreux humains qui aiment les animaux et qui sont capables d’interagir sur les mêmes modalités, j’en connais d’ailleurs plusieurs parmi mes amis les plus proches.
Là où je veux en venir avec cette introduction, ce que je raconte au travers de ce site, c’est que ce ne sont que des choses vraies pour moi-mêmes et dont j’ai fait l’expérience. C’est ce qu’est l’animalité pour moi – à chacun sa sauce, sa terminologie et ses propre expériences personnelles. L’incroyable diversité que l’on trouve chez les personnes animales doit être explorée et valorisée; il n’y a pas de dogmes ni de règles gravées dans la pierre par ici. Juste les pensées, opinions et expériences d’une simple lionne.
J’ai donc expliqué en bref ce qu’était l’animalité. Le reste de ce site vous en dira plus sur ce qu’est l’animalité pour moi.

Une introduction détaillée pour une approche psychologique de la thérianthropie

Par Liesk
(Préambule: le but de cet essai n’est pas de représenter les opinions de la communauté thériane toute entière. J’écris ceci pour expliquer une approche particulière de la thérianthropie: celle de nature psychologique. Même si une bonne part de ces informations peut être applicable plus largement, elles ne devraient pas être prises comme référence absolue sur la manière dont tous les thérians voient leur thérianthropie. De plus, il ne faut pas oublier que la cause d’une chose n’est pas la chose en soi. Quand bien même une cause et explication des vécus thérians serait trouvée, ni l’explication ni la source ne sont l’expérience elle-même.)
Prenez votre cerveau. La plus grande probabilité est que vous ayez un cerveau humain, avec deux hémisphères divisés en régions, et toutes les autres qualités remarquables d’un cerveau. Au premier coup d’oeil, il semblerait que ce soit un cerveau parmi tant d’autres.
Cependant, si vous êtes une personne animale, un thérianthrope, il y a des chances pour qu’il diffère sensiblement du cerveau de la plupart des gens. En fait, que vous soyez un thérianthrope ou non, votre cerveau diffère forcément de diverses manières de tous ces cerveaux qui lui ressemblent tant. C’est sans aucun doute un organe mystérieux, et nous ne connaissons pas tout de son fonctionnement complexe. D’un autre côté, les neurosciences modernes ont révélé une infinité de possibilités sur cet organe et tout autant d’information à propos de ces cerveaux qui sont atypiques.
Il existe donc de nombreuses façons dont une personne peut être neurobiologiquement atypique; en effet, les limites définissant le “normal” étant très étroites, on pourrait se demander si qui que ce soit appartient effectivement à cette catégorie. Bien que je compte explorer les connexions qui existent, je me concentrerai sur le cerveau thérianthrope. Gardez cependant à l’esprit le fait qu’aucune étude formelle n’a été faite auprès de ceux qui se disent thérians, donc ce qui suit doit être compris comme relevant de l’hypothèse.
Tout d’abord, les modèles neurologiques s’appuient sur une conception physique de la nature de l’esprit. Et si la thérianthropie peut être expliqué neurologiquement, alors on peut certainement avancer que la thérianthropie relève du Savoir, une antithèse à la conception commune de la thérianthropie qui la voit comme trop personnelle pour être comprise entièrement.
Un instant; il y a deux problèmes avec cette vision des choses. Premièrement, le fait que la thérianthropie puisse relever de modèles personnels et parfois spirituels, et que l’on ne puisse donc pas espérer constituer un “savoir” de la thérianthropie par des bases neurologiques. La définition n’est pas malléable au point d’être modifiée par les causes retenues. Mais surtout et avant toute chose, la thérianthropie n’a jamais été en dehors de ce qui peut être connu.
L’idée que la thérianthropie soit si mystérieuse et personnelle et qu’elle ne puisse jamais être prouvée, ne puisse jamais être affirmée de manière absolue, est l’une des premières erreurs que font ceux pour qui l’idée de thérianthropie est nouvelle; et bien souvent aussi pour ceux pour qui elle ne l’est pas. Bien que j’explore les dynamiques probables, je n’ai pas l’intention de m’étendre sur une chose que nous savons déjà.
Le fait est que les thérians savent qu’ils sont un animal. Ils savent qu’ils sont un animal parce qu’ils le sont, et s’il ne savaient pas qu’ils l’étaient alors ils n’en seraient pas. Peut être qu’ils ne le savent pas en apparence; c’est souvent le cas.
Mais le cerveau le sait. Au bout du compte, le thérian va s’identifier à un animal. Ils s’identifient ainsi parce que leur esprit interprète leur existence de cette manière. Une identité implique une existence; en tant qu’individus, personnes animales, consciences, mots, non-mots, chair, esprit: ce sont des animaux.
La thérianthropie n’est rien de plus. Identité. Et il n’est pas du tout question de cela: ce sont des odeurs et des goûts, la fourrure et les sons, les pensées et les choses de la tête qui ne collent pas avec les choses humaines. Mais cela se traduit en une identité, parce que c’est comme ça que le cerveau se dit qu’il est animal et il sait que c’est vrai.
Ne confondez pas cela avec une acceptation aveugle de n’importe quelle affirmation qu’une personne avance sur le fait d’être animal: même en gardant cela en tête, déclarer qu’on est un animal ne fait pas de quelqu’un un animal. On sait ce que l’on est, mais il est facile de laisser son jugement se faire obscurcir par des illusions et refuser d’accepter la vérité. Nous le savons bien, les gens ont tendance à se mentir à eux-mêmes plus encore qu’ils ne mentent aux autres. Cela peut prendre un long moment pour découvrir sa propre identité, et plus longtemps encore quand il faut faire face à l’influence de ses propres espoirs en faveur d’une conclusion plutôt qu’une autre.
Si vous essayez de savoir si vous êtes un thérian, alors pendant que vous écoutez toutes les recommandations qui vous disent de faire un examen de conscience, que c’est un indispensable pour savoir ce que vous êtes et qu’il ne faut pas tirer de conclusions hâtives; vous devez aussi réfléchir au fait que vous devriez déjà savoir ce que vous êtes. Vous ne vous donnez aucune nouvelle information; vous ne faites que découvrir une chose qui a toujours été présente, que vous avez toujours su.
La question est: pourquoi sommes nous des animaux? Pourquoi avons-nous cette nature animale, ces impulsions et ces désirs, et pour certains, ces shifts? Que se passe-t-il dans nos cerveaux?
Je crois personnellement que l’origine de la thérianthropie, pour la grande majorité des cas, repose dans une neurobiologie atypique. Tout comme pour des choses allant de l’autisme à la synesthésie, allant des QI élevés aux troubles du développement, il existe certains indices qui suggèrent que le “câblage” du cerveau est foncièrement différent.
Tout simplement, il semblerait que ce soit effectivement le cas; que les thérians fonctionnent comme les animaux. Un grand nombre de thérians disent avoir un mode de pensée visuel, ou pensent d’une façon ou l’autre principalement sous une forme non-verbale. Et bien qu’il ne semble pas y avoir un nombre très largement plus important de thérians présentant des fonctions neurologiques atypiques comme la synesthésie, l’autisme, le syndrome d’Asperger, etc… que dans la population générale, de nombreux thérians présentent malgré tout des caractéristiques similaires à ceux-ci, et il est possible qu’on retrouve certains de ces traits unanimement chez tous les thérians.
Ces traits comprennent la pensée perceptive mentionnée auparavant, une synthèse entre les activités des cerveaux dits gauche et droits, des traits similaires à ceux du TDA ou TOC, et ainsi de suite. Il est important de noter que tous les thérians ne présentent pas chacun de ces traits, et il est certainement possible que quelqu’un soit un thérian sans faire l’expérience d’aucun. La majorité, cependant, semble emprunter des caractéristiques à au moins un ou deux modèles de cette liste, et on peut probablement avancer que presque tous les thérians traitent les informations qu’ils perçoivent différemment du reste de la population.
D’autre part, chaque thérian semble avoir un câblage qui correspond à leur animal. La raison du comment ceci se met en place sur une base individuelle reste une question en suspend, bien que je puisse aborder le sujet plus tard. Mais qu’est-ce qui causerait tout ceci exactement?
Certainement, une neurobiologie atypique est généralement quelque chose que la personne présente dès la naissance. Ceci s’accorde bien avec l’idée qu’on est thérian “depuis toujours”. D’un autre côté, il semble évident qu’une personne ne devienne pas un thérian simplement parce que son cerveau fonctionne légèrement différemment. Ils doivent – leurs cerveaux – se considérer eux-mêmes comme étant animaux. Comment cela se produit-il?
D’après ce que l’on a pu observer il semblerait que cela se fasse normalement tandis qu’un sens de l’identité se crée. Presque tous les thérianthropes racontent qu’ils se sont sentis comme un animal leur vie entière, remontant ainsi jusqu’à leurs tout premiers souvenirs. Quels que soient les facteurs déclencheurs de l’identité animale pour qu’elle se développe, cela se produit donc sans doutes à ce moment.
Notre nature en tant qu’être humain relève en partie du domaine de l’abstrait. Ce que nous voyons dans le monde physique passe au travers des filtres de notre esprit, s’organise, et des idées en ressortent, des pensées, et une identité. Cette capacité à procéder ainsi est due à notre prédisposition à la conscience et représentation de soi; les neurosciences actuelles nous montrent que l’identité est intrinsèquement liée à la conscience de soi. Le développement d’une identité personnelle est le résultat de l’observation de structures, et la capacité spécifiquement humaine à interpréter la relation abstraite que l’on entretient soi-même avec son propre environnement.
Au cas où vous ne l’auriez pas saisi, je le reformule: c’est une chose distinctement humaine. Bien qu’il soit possible, voir même vraisemblable, que certaines espèces (comme les dauphins) soient des êtres suffisamment développés et sociaux pour que la nécessité de l’apparition d’une conscience et identité soit présente, la nature proprement abstraite de l’identité en tant qu’humain – en particulier une identité atypique – est quelque chose dont aucune autre espèce ne fait l’expérience, à notre connaissance. L’ironie, bien sûr, est qu’en étant animal nous exprimons notre état humain, mais il y a plus que de l’ironie à ce sujet. Être humain – ou, si vous préférez, avoir conscience de soi-même – est une sorte de clé permettant de devenir quelque chose d’autre que ce que notre corps nous impose. Cela signifie mettre à l’épreuve nos notions de ce que veut dire être un membre d’une espèce en particulier. Il n’y a bien sûr pas de dichotomie énorme entre notre corps et notre esprit qui soit reconnu par la science moderne. Mais avoir conscience de soi offre la possibilité de se reconnaître comme une multitude de choses, qui deviennent de plus en plus abstraites à mesure que la personne progresse. Et une personne encline à la spiritualité aurait raison de suggérer que la nature humaine est faite pour pour la croissance spirituelle, si l’on considère que leur définition de l’âme est proche de cette de notre identité.
Les êtres humains ont évolué de telle manière qu’ils ont accédé à la conscience de soi, comme nous pouvons clairement le voir. Étant donné qu’être conscient est particulièrement plus avantageux que ne pas l’être, une espèce qui peut l’être obtient un joker. Un animal conscient de lui-même peut mieux réagir face à son environnement, ce qui accroît les chances de survie. C’est aussi profondément lié à une fonction sociale: en théorie, les humains ont obtenu la conscience de soi en observant les autres dans leurs groupes sociaux et en appliquant ce qu’ils ont observé à eux-mêmes. L’anthropomorphisme est une conséquence de ceci, ce que l’on peut voir à la manière dont les premiers humains étaient généralement animistes. Ceci est à mettre en lien avec le “gène de la religion”: les humains sont même capables de rendre anthropomorphique l’univers entier, en disant qu’il doit exister un Créateur leur ressemblant.
Le développement d’un individu humain a une manière amusante de nous conter l’histoire humaine. Durant les premières années de sa vie, les similarités qu’un enfant observe entre son environnement et lui-même se solidifient en une identité basique. Le noyau. Pour un enfant présentant une neurobiologie atypique, ses propres comportements peuvent le mener à percevoir différents rapports que ceux qu’un enfant normal pourrait observer. A cause de cela, une identité d’une différente sorte peut se développer. Pour les thérians, cela signifie une identité animale.
Quelle animal, cependant, est une question qui mérite d’être relevée. La plupart des thérians n’ont pas connaissance de l’existence de leur thériotype pendant les premières années de leur vie. En conséquence, comment en sont-ils venus à s’identifier en tant que tels?
Ceci débute par cette question retournée en long en large et en travers: “pourquoi y a-t-il autant de félins et de canidés dans la communauté thériane”? Si le thériotype d’un individu se détermine durant la période à laquelle je pense, alors les influences animalières les plus fortes à disposition pour la psyché de l’enfant sont les chiens et les chats. Même si le foyer de l’enfant ne possède aucunes de ces créatures, l’influence des animaux de compagnie sur la plupart des enfants est importante. Et pour ces enfants dont le comportement n’est pas tout à fait comme celui des autres humains qu’ils peuvent voir, reconnaître certains traits chez ces animaux peut suffire à solidifier leur identité.
Bien sûr, la plupart des thérians ont le sentiment d’être un cousin sauvage de l’un de nos compagnons domestiques. Si l’on conçoit qu’au moins certains de ces individus ne se trompent pas au sujet de leur thériotype, et que l’on reconnaît que bien que certains d’entre eux aient pu être influencés par d’authentiques loups ou autre, ce n’est pas le cas de la majorité, et l’on est alors contraint de reconnaître plus encore que la nature de l’identité est énormément abstraite. Un enfant peut développer le sentiment que son identité est très proche de cette d’un chat ou d’un chient, mais en laissant un cadre plus large pour l’intervention d’autres facteurs de ses comportements et de soi pour devenir une identité non-étiquetée – qui sera identifiée comme correspondant à une autre espèce plus tardivement.
Ceci nous amène à considérer ces thérians dont le type animal ne ressemble pas aux animaux qui ont eût un impact direct sur leur vie. L’identité d’espèce d’un enfant peut rester en suspens en ce qui concerne sa catégorie – s’ils reconnaît qu’il n’est pas qu’humain mais ne voit pas ce qu’il pourrait être, alors il est possible qu’en conséquence son identité spéciée n’est temporairement rien d’autre qu’un ensemble de traits. Si plus tard il trouve une espèce qui correspond sans faille à ces traits, alors il peut la reconnaître comme étant leur espèce intérieure – mais ceci pourrait ne jamais se produire. En conséquence, il existe des enfants n’ayant jamais vu de cerfs qui finissent par en être, et d’autres gamins qui vont comprendre que leur nature correspond plutôt au concept de dragon qu’à une espèce vivante. Et ainsi de suite.
Partant de là, la solidification de leur identité et comportements associés ainsi que les spécificités de ses structures neurobiologiques vont servir à créer un possible dans lequel l’individu s’identifie à son animal type. Le degré auquel leur esprit distingue les pensées d’ordre supérieur ou inférieur peut avoir un impact sur la manière dont ils font l’expérience de leur thérianthropie, tout comme leur relation au fait d’être humain.
Comme la communauté thérianthrope le sait bien, différents thérians déclineront leur thérianthropie avec une “saveur” différente. Ceci est, fort malheureusement, bien souvent catégorisé selon les degrés de polarisation entre l’aspect animal et l’aspect humain, et la possibilité de shift mentale qui découle de cette polarisation.
Un thérian avec une polarisation plus importante (décrit comme thérian dichotomique) a développé une structure cérébrale où il existe deux (ou plus, dans le cas de thériotypes multiples) modes de fonctionnement complets et indépendants. Le thérian a séparé les comportements humains et animaux l’un de l’autre, et son cerveau classifie distinctement certains d’entre eux comme appartement à la sphère humaine et d’autre comme appartenant au domaine(s) de l’animal (ou des animaux). Le degré permettant aux deux de se superposer l’un avec l’autre ne peut aller au delà d’un certain point, afin de permettre le basculement d’un mode de pensée vers l’autre malgré tout.
Tandis que les modes de pensée sont distincts, contrairement à un individu présentant un désordre dissociatif de l’identité ou trouble de la personnalité multiple, le thérian n’a pas d’identités séparée pour chaque mode de pensée additionnel. Les composantes humaine et animale restent une part intégrée à son identité, quelle que soit le mode de pensée dans lequel il se trouve. (Les personnes possédant plus d’une identité seront plutôt appelées “multiples” ou, comme cité précédemment, présentant un trouble dissociatif ou de la personnalité multiple.)
Un thérian dont les différents modes de pensée se chevauchent, mais ne sont pas fusionnés, fonctionne de la même manière, à l’exception du fait que les modes ne fonctionnent pas indépendamment l’un de l’autre: ils sont plutôt coordonnés. Son esprit fait toujours la distinction entre les comportements humains associés au mode de pensée humain, et les comportements animaux associés au mode animal, mais ils marchent en parallèle avec la capacité de se concentrer plus sur l’un ou l’autre, à la manière dont on peut faire tourner plusieurs programmes sur un ordinateur avec une unique fenêtre active. Pour certains, un programme peut aussi se fermer pour permettre à un autre de tourner à pleine puissance.
Si le thérian possède un mode de pensée mélangeant l’humain et l’animal, mais que l’intégration n’est pas totale, dans ce cas bien que son cerveau ne classifiera pas ses comportements selon deux modes bien distincts, ces comportements à l’intérieur de cet unique mode de fonctionnement seront tout de même interprétés comme étant plutôt humains, plutôt animal, ou un peu des deux. Ils peuvent être catégorisés en conséquence par association, et ainsi le déclenchement d’un comportement considéré comme humain ou animal provoque les comportements associés, entraînant la possibilité de se sentir un peu plus humain ou animal à un moment donné. Les connexions entre les associations sont fortes, donc un comportement humain qui est relié à une catégorie animale peut tout aussi bien lancer le processus pour se sentir animal; il peut y avoir des processus à catégories multiples au sein d’un ensemble d’associations. Le résultat sera un certain degré de fluctuation entre l’humain et l’animal, mais les détails précis sont clairement propre à chaque individu.
Si l’intégration est complète en revanche, alors quelle que soit l’organisation des catégories, chaque processus sera considéré comme “humanimal”, de la même manière qu’un cerveau non-thérian catégorise tout comme “humain”. Le cerveau interprète chaque comportement comme étant causé par la nature globale humaine-animale, et jamais séparément par l’un ou par l’autre.
(Je ne prétends pas que ces exemples soient les seuls types [de thérianthropie] qui existent, comme j’imagine bien que beaucoup de gens ne rentrent pas tout à fait dans ces catégories. Elles sont simplement celles qui semblent les plus répandues, et je tente d’expliquer ce phénomène. La thérianthropie, encore une fois, est indépendante de sa propre opinion personnelle sur son expérience.)
Bien que cela puisse être intéressant de développer pourquoi un certain type de thérianthropie se développe plutôt qu’un autre, tout ce que je peux faire c’est tenter d’apporter une explication encore plus hypothétique. Je crois que les considérations personnelles de la personne sur ce que signifie être humain et être animal aura un impact, mais je ne suis pas capable de dire dans quelles proportions, par rapport à d’autres facteurs comme la chimie du cerveau et l’environnement de l’individu. Très probablement, chacun contribue de différentes manières selon la personne. Il semblerait que ça soit le cas que, comme pour le TDI par exemple, il soit plus probable qu’une dichotomie entre les modes de pensée se produise pour les individus qui sont soumis à un environnement stressant (ce qui signifie pour ces personnes que l’environnement a une influence significative). Cela ne veut bien sûr pas dire que les conthérians sont les mieux ajustés et que les thérians dichotomiques le sont moins, ou qu’une dichotomie est toujours le résultat du stress. La plupart des gens fonctionnent parfaitement bien avec la façon dont leur nature animale correspond à leur nature humaine.
L’expérience mentale d’être humain ou animal n’est pas, évidemment, la fin du chapitre sur les shifts. Beaucoup de thérians font aussi l’expérience de quelque chose de proche des membres fantômes de personnes amputées, ce qui a donc été décrit comme des “shifts fantômes” (bien que “membre fantôme” soit aussi courant, en particulier pour les personnes qui les ressentent en permanence et non pas en shiftant). Certains aspects de ce phénomène resteront peut être bien mystérieux ou nécessiteront d’autres explications, mais ce que je crois c’est que la plupart des membres fantômes sont causés par le cerveau qui “cartographie” le corps comme il devrait être, conformément à la dysphorie de corps qui résulte d’une identité d’espèce atypique.
Certaines études ont découvert que le cerveau possède une façon de créer une sorte d’image 3D du corps et de ses mouvements, et que ce système n’est pas infaillible. La manipulation consciente et semi-consciente de ce système que j’appelle “cartographie” peut avoir des conséquences notables. Dans une étude en particulier, les individus qui cartographiaient les mouvements d’une certaine action, comme danser ou lancer un ballon de basket, s’en sortaient moins bien que ceux qui pratiquaient cette activité, mais toujours mieux que ceux qui ne faisaient rien du tout. Ce système est aussi dupé naturellement – sans interférence consciente – comme avec les douleurs référées.
J’insiste sur le fait que quand je dit “dupé” je ne veut pas dire que l’expérience de membres fantômes est fausse. Ils sont différents de ce que le cerveau détecterait normalement, mais cela ne les rend pas faux ou superficiels. Ils existent parce que vous (notre cerveau, notre esprit semi-conscient) avez le sentiment qu’ils sont important, et ils le sont probablement.
En conséquence il n’est pas surprenant que beaucoup de thérians aient leur corps animal cartographié en surimpression par dessus leur corps humain. Cela résulte d’un modèle dans le cerveau qui fonctionne en parallèle avec le modèle habituel du corps humain. Chez certains individus, le modèle fantôme domine parfois le modèle humain et vice-versa. Chez d’autres, les deux modèles fonctionnent toujours en parallèle, et chez d’autres encore d’autres scénarios peuvent exister.
Ce qui est intéressant c’est que ça n’est pas restreint au thériotype de la personne.
Les caméo-shifts. Il est essentiel pour tout thérianthrope en questionnement de savoir qu’elles existent, afin qu’il puisse comprendre que ses shifts puissent ne pas être celles de son propre animal. Il faut savoir qu’à la fois les thérians et les non-thérians peuvent faire l’expérience de caméo-shifts. A mon sens les caméo-shifts mentales tout autant que fantômes sont le résultat d’une cartographie [atypique].
Pour les caméo-shifts fantômes, l’individu cartographie la structure corporelle de la chose en quoi il shifte. Habituellement, c’est un phénomène temporaire, contrairement à la thérianthropie qui est constante. (Bien sûr, il est aussi possible que quelqu’un ait une cartographie permanente de quelque chose qui n’a rien avoir avec leur thériotype – une explication probable du fait qu’il y ait beaucoup de personnes qui ont des ailes fantômes bien que leur thériotype ne soit pas une créature ailée à la base.)
Pour une caméo-shift mentale, ce qui est altéré n’est pas l’architecture physique, mais la structure mentale. Les comportements, les instincts, deviennent temporairement une part du fonctionnement psychique de la personne.
Normalement, une puissante shift de cette sorte apparait d’elle-même, mais parfois simplement penser à un animal peut causer une légère shift. Si la personne à un esprit enclin à faire des liens entre les choses, à comprendre le point de vue animal, alors elle a des chances de faire l’expérience de caméo-shifts. Ce n’est pas le signe d’une instabilité, mais plutôt un désir d’explorer son monde.
Certaines personnes peuvent souhaiter revisiter un animal en particulier dans leurs explorations. Cet animal est souvent notre totem, ou bien il possède une signification d’une façon ou d’une autre, bien que cela puisse tout simplement être que la personne aime shifter en cet animal là.
Faire l’expérience de la découverte de qui et ce que l’on est peut être très gratifiante, que l’on soit thérian ou non. L’essentiel ici est de parvenir à une relation plus profonde et complète avec soi-même, ce n’est pas la question de si c’est cérébral ou spirituel ou quoi que ce soit que vous croyiez! Bien que cela puisse être important et intéressant dans ma trajectoire de vie que je considère les possibilités neurologiques de la thérianthropie, aucune explication de la sorte ne pourra remplacer l’expérience même d’être une personne animale. Il n’y aura jamais d’examen diagnostic qui remplacera le fait de simplement regarder à l’intérieur de soi-même et voir ce que cela apporte.

Thériotypes éteints

Par Paleo

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui est à peu près certain que son thériotype est une espèce disparue? Que conseilles-tu pour parvenir à assumer la possibilité de ne jamais découvrir le “nom” et le type de son animal?

Ma première suggestion pour quiconque soupçonne que son thériotype est éteint est de continuer leur recherche pour regarder s’il existe une correspondance parmi les espèces vivantes. Je dit ceci parce que je pense vraiment que beaucoup de gens ne brassent pas assez loin dans leurs recherches et ont tendance à se focaliser sur les espèces les plus connues. On pourrait facilement confondre un félin avec un fossa, ou un ictéridé avec un corvidé. D’autre part, même en sachant au plus profond de soi-même que son thériotype est éteint, cette recherche se trouve être utile pour la suite.
L’étape suivante consiste à comparer et différencier votre bestiole intérieure d’avec les espèces vivantes. La Nature aime faire des variations sur les même thèmes. Quels animaux sont semblables ou vous font penser à ce que vous êtes intérieurement? Essayez de découvrir pourquoi. Est-ce quelque chose dans leur physiologie, leur comportement, leur habitat, et ainsi de suite? Une fois que vous avez une bonne idée des similitudes, qu’est-ce qui diffère entre cet animal et votre thériotype? Par exemple, j’ai trouvé le mien en partie parce que je ressentais une différence notable entre mon thériotype et le loup gris (qui était la correspondance la plus proche), et je reconnaissais en même temps certains de ses traits au travers de la hyène tachetée. Le problème pour moi était de me rendre compte que même après avoir appris cela j’étais toujours convaincue d’être plus canine que hyène. A peu près un an plus tard, je suis tombée sur un site web qui expliquait que les niches écologiques occupées par canis dirus étaient probablement très semblables à celles de la hyène tachetée, et ça a fait clic… plutôt deux fois qu’une.
Il faut essayer de garder à l’esprit que ce genre de recherche est avant tout un processus intuitif. Parfois la relation n’est pas évidente au premier abord, alors il ne faut pas écarter une possibilité juste parce que l’animal qui l’a amenée semble être très différent de son thériotype. Je vois des traces d’anguille dans l’amour des espaces sombre de mon chat, sa souplesse et ses frappes prédatrices fulgurantes. Comme je l’ai dit, la Nature aime les variations autour d’un même thème. Un thérian qui est certain de ne pas être une anguille ou même une autre forme de vie marine pourrait potentiellement se sentir des affinités avec à cause de la reconnaissance des techniques d’embuscade similaires et de la préférence pour les tanières sombres. C’est pour cette raison que j’ai le sentiment que les créatures vivantes sont la clé de la découverte de nos créatures disparues intérieures. Les étudier vous aide à apprendre à connaître ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, quelles formes et quels comportements apparaissent encore et encore, et cela vous aide à trouver les créatures possédant peut être les indices qui aideront à faire des supposition éclairées sur le genre de vie que votre thériotype a peut être vécu.
Il y a une autre voie pour découvrir des indices si vous sentez que vous possédez des souvenirs ou un sens du genre d’environnement et de l’époque de votre thériotype. Parmi les rares thérians “éteint” que j’ai rencontrés, la plupart déclaraient avoir la sensation de ne pas se sentir à leur place à leur époque ou de se sentir comme si la Terre qui existe maintenant n’est pas celle d’où ils viennent. Comme moi-même, ils ressentent souvent cela bien avant de réaliser que le statut de leur thériotype est celui d’une espèce éteinte. Si c’est le cas pour vous, l’un des moyens de trouver à quelle ère vous appartenez est de voir si vous pouvez deviner quelles créatures, plantes et paysages actuels vous semblent familiers ou étrangers. Si un groupe d’animaux comme les oiseaux est absent de vos “souvenirs” ou si vous vous imaginez toute une variété de fougères mais jamais d’arbres, cela peut vous aider à commencer à réduire les possibilités d’époques à laquelle votre thériotype parcourait la terre. Cette méthode peut être un peu délicate s’il s’avère que votre thériotype a une faible aire de répartition ou vivait dans un endroit isolée des migrations d’espèces plus récentes. Pour cette raison et tant d’autres, je reste convaincue que chercher au travers de la biologie de l’évolution, l’écologie, la paléontologie, l’éthologie et autres domaines similaires reste vital pour tout thérian qui souhaite découvrir son thériotype. La science nous permet de garder les pieds sur terre et les connaissances nouvelles ont toujours le potentiel d’ouvrir de nouvelles portes.
La deuxième partie de cette question demandait comment gérer la possibilité de ne jamais trouver un nom pour son thériotype. J’ai bien peur de ne pas avoir de conseil sage à donner à ce propos car je sais que j’étais terriblement frustrée quand je savais que j’étais *quelque chose* mais sans savoir exactement quoi, mais plus tard je l’ai *effectivement* découvert. Je suis plutôt convaincue que je ne serais toujours pas tranquille aujourd’hui si canis dirus ne m’avait pas secouée comme un cocotier. Tout ce que je peux dire c’est faites honneur à vous-mêmes et vos sensations et continuez de chercher. Plus de 95% de toutes les espèces à avoir jamais vécu sur terre sont éteintes, et l’humanité ne parviendra sans doutes à découvrir qu’une fraction de celles là, donc les possibilités d’avoir un thériotype qui soit non seulement inconnu de soi-même mais également du monde entier existent certainement. Il est possible que vous vous rapprochiez suffisamment de votre thériotype pour pouvoir dire “baleine préhistorique”, “dinosaure des sables” ou “mammifère de type raton-laveur”. Ce n’est pas rien, cette chose c’est vous.
Oh et, si vous accomplissez votre quête de trouver un thériotype éteint, s’il vous plait écrivez vos découvertes à ce sujet. Ce genre de “paléontologie spirituelle” existe en effet parmi les thérians et totémistes, mais on dit et on écrit peu à ce sujet; en tant que canis dirus je peux dire que je trouve cela fort dommage.