Comment je vis mon animalité en free party

Par Olwun
J’étais là, devant ces énormes caissons de basses qui faisaient vibrer mon corps et mon esprit tout entier à chaque battement qui raisonnait dans ce vieil hangar désaffecté. Nous étions perdus au milieu de nulle part, dans un endroit où la nature avait déjà bien commencée à reprendre ses droits, en 20 ans d’inactivité humaine. Des arbres démolissaient les murs de la base militaire abandonnée, et s’infiltrait dans le toit à la recherche du soleil. Les racines dévoraient le béton et les feuilles tapissaient l’intégralité des bâtiments. C’était un superbe spectacle de reprise de puissance de la nature… Et aussi une image énorme, qu’était le fait de faire une fête dans un endroit qui jadis défendait les valeurs de la guerre.
Il faisait nuit, la lune était pleine et nous éclairait de toute sa splendeur. Sa lumière traversait les fenêtres brisées, et la forêt qui nous entourait planait dans un climat mystérieux et subtil sous cet astre merveilleux. Il y avait beaucoup de féérie dans tout cela, surtout lorsqu’on osait lever la tête et observer les étoiles qui resplendissaient mal gré cette nuit de fin décembre. Ces lumières scintillaient dans mes yeux, je ressentais leur bienveillance nous accompagner ce soir. Les lumières colorés de la fête décorait le site. Il faisait étrangement bon, il n’y avait simplement que de temps à autre une mince caresse de vent frais d’hiver qui venait nous caresser les épaules… Dans le hangar, il faisait presque chaud.
Je dansais, je tapais du pied contre le sol qui nous accueillait cette nuit. Mon corps suivait chaque vibration, chaque « boum », cette musique répétitive traçait dans mon esprit le chemin qu’il devait suivre en écoutant cette mélodie. C’était une atmosphère qui me faisait beaucoup penser à celle d’une tribu, sous ces battements simples et ordonnés, qui nous unissaient sous un même rythme.
J’imaginais un loup courir sur ce rythme qui galopait rapidement. Je visualisais la forêt défiler devant moi, et je sentais la force que mettait mon esprit dans ce voyage. Dès que je sortais du hangar, une envie folle de gambader entre les arbres me prenait. J’aime courir, c’est quelque chose qui a toujours fait s’emballer mon cœur au point que mes sentiments fleurissent dans d’agréables sensations indescriptibles que procure la course.
Je sentais mes oreilles se plaquer contre ma tête avec le son trop fort, et ma queue suivre les mouvements de mon corps qui accompagnait la musique, j’étais bien ici. Même si le son était fort, ce n’était qu’encore meilleur. Je me sentais moi, juste moi. Juste à ma place. Dans une culture que j’ai choisie pour mienne.
Pendant 4 jours, je vivais dans ma petite communauté d’amis. Ma meute à moi. Ma petite famille… Et tout ça dans la nature. Que demander de mieux ? J’aimais ce climat, cette ambiance, ce milieu. Vivre dans un groupe, avoir son rôle et se sentir exister. Cela fait partie des choses qui m’importent le plus, dans ma petite vie…
Dans quelques heures, le soleil allait venir nous bercer dans son éveil, et réchauffer doucement notre peau rafraichie. C’est le moment que je préfère le plus, quand je vais dans une free party. Tout reprend son calme, les plus fatigués s’en vont, et les autres viennent faire connaissance et discutent de sujets divers, et souvent très ouvert spirituellement. Nous parlons des bienfaits de se vider la tête le temps d’une nuit, de ne penser à rien d’autre qu’à notre plaisir partagé. Parce que franchement, ça fait vraiment du bien. Oublier tout ce qui nous tracasse, juste le temps d’une nuit. Ne penser qu’à des choses positives, qu’à des choses qui nous font envie. On veut faire plaisir à ceux qui sont avec nous, et à soi-même… J’adore ça, j’adore vraiment savoir mon entourage heureux, ça me met dans le même sentiment !
Ce que j’aime aussi, le matin, c’est aller jouer avec les chiens de teuf. C’est impressionnant la quantité de gens qui fréquente ces endroits qui y emmène leurs chiens, et ils adorent ça aussi. Ils jouent avec leurs congénères, profite d’être dehors et de courir partout. Je faisais pareil au final, le matin. Je leur cours après et ils me courent après, on s’éclate avec des bâtons et je leur fais des caresses. J’aime beaucoup être avec les chiens, je ressens beaucoup d’affinité avec ces animaux. Nous nous comprenons facilement, et nous partageons des moments agréables.
Je me demande pourquoi je me sens très animale quand je vais à ce genre de soirée. Peut-être parce qu’on nous considère un peu comme des sauvages, qui sait. C’est vrai que de nous voir comme ça, de l’extérieur, on peut certainement penser qu’il s’agit d’une bande de fou qui se déhanches sans raisons sur de la musique qui répète la même boucle de façons plus ou moins diverses, qui se traînent dans la boue avec un menfoutisme inégalable, sans aucune raison. Eh pourtant si, il y en a bien, des raisons. Et je les ai citées plus hauts… Nous nous contentons de suivre nos besoins naturels, pas de réfléchir à toutes ces conneries de sociétés humaines qui tracassent notre quotidiens. C’est très naturel, tout ça. Je pense que c’est l’une des raisons qui me pousse à aimer ce milieu et cette culture, qui me fait me sentir un peu plus « moi » que d’ordinaire. Je suis mes instincts toute la nuit. Je dors, je mange, je m’amuse, je suis mes envies, je passe du temps dans une communauté. Ca ne doit pas être bien plus rythmé que ça, une vie de loup. Très franchement, ça me conviendrait, vraiment ! C’est une des raisons aussi qui me fait me sentir animale, cette jouissance du simple nécessaire de vie. Se satisfaire et prendre plaisir à faire des choses qui d’ordinaire ne semble être que notre train-train quotidien.
Le matin venu, je me suis installée entre deux arbres qui se croisaient pour dormir un peu. Je n’avais pas besoin de plus que ces deux arbres là, et du calme qui régnait à l’endroit quelque peu éloigné de la fête que j’avais choisi. D’autres m’avaient accompagnés dans ma promenade, mais nous étions tous là, silencieux, à profiter des simples gazouillements des oiseaux, du sifflement du vent entre les feuilles, le repos bien mérité de nos oreilles qui ont pu quelque peu souffrir cette nuit. Qu’est-ce que c’était bon. Avec tout cela, enfin le soleil qui comme promis, vint me réchauffer le visage agréablement. Ce sont des petites moustaches que je sentais cette fois, elles que j’ai dû sentir vraiment que quelque très rare fois. Après tout, même les canidés en ont ! Elles me chatouillaient même au point que j’ai dû me frotter les joues plusieurs fois. Au début, je pensais que j’avais quelque chose sur le visage, mais finalement non. Juste un simple ressentis. Ça m’amusait, même. Je souriais béatement entre mes deux arbres dans mon sommeil, jouissant de mon esprit complètement dénué de sentiment négatif. Je sentais mon museau, et bientôt ma queue et mes oreilles refirent leur apparition, j’avais l’impression de les sentir s’emporter par le vent qui s’était un peu accentué ce matin. Dans quelques temps, j’allais retourner au camion, pour me reposer. Ca me convenait parfaitement de vivre dans une camionnette. Je n’avais vraiment rien besoin d’autre, que de me dire que c’était mon point d’attache pendant ces quelques jours. J’ai toujours eu besoin de déterminer un endroit qui me sert de « terrier » quand je vais quelque part, passer du temps. Chez moi, c’est ma chambre. Ici, c’était le camion. Je savais que là-bas je retrouvais mon sac et mon petit nécessaire de vie, à boire et à manger, et de quoi me ressourcer. C’est fascinant comme j’ai besoin de ce petit endroit à chaque fois, et cela fait partie de ce que je considère comme mes petits traits un peu animaux. Je sais que c’est un endroit où je serais au chaud et où je pourrais être à l’abri du monde extérieur, et ça me suffit. Vous voyez, quand je vous dis que j’aime organiser des free party. Parce que je m’y sens vivre, je m’y sens animal, je m’y sens moi. C’est tout bête mes critères, mais c’est comme ça que je le sens. Et ça me procure du plaisir, qu’est-ce que je veux encore de plus. Rien. Rien du tout!