Par Akhila
Ce n’est pas parce qu’un terme a été créé et est occasionnellement utilisé qu’il est nécessairement pertinent; mais comme certaines des traductions présentées dans cette section font parfois référence à un mot ou l’autre, j’ai regroupé dans cet article différentes définitions parfois nécessaires pour comprendre de quoi il retourne.
Il est primordial de se souvenir d’une chose cependant: il est parfaitement possible de parler de thérianthropie, y compris avec d’autres thérians, sans utiliser aucun jargon particulier. Les étiquettes ne devraient servir que pour faciliter la communication par des petits “raccourcis” de langage, pour résumer en un mot un concept, mais en revanche cela ne sert à rien d’utiliser tout un tas de termes obscurs qu’il faudra de toute manière expliquer pour se faire comprendre. Au final ça fait perdre plus de temps et d’énergie qu’autre chose, en plus d’embrouiller les autres.
D’autre part, il faut bien garder à l’esprit que souvent chacun a sa propre version d’un mot ou d’une étiquette pour désigner telle ou telle chose, ce qui veut dire que deux personnes veulent parfois dire quelque chose de très différent avec le même terme. Même si deux individus se décrivent comme “thérianthropes”, leur expérience de la thérianthropie peut être radicalement différente l’une de l’autre. C’est donc souvent plus approprié d’expliciter ce que l’on veut dire, comment on vit notre animalité, plutôt que balancer un assortiment de termes qui seront mal compris.
Pour prendre un exemple particulier: bien qu’à une époque les personnes animales utilisaient indifféremment “thérianthrope” et “were” pour se désigner, le terme “were” a été très popularisé par certains artistes du fandom “furry” pour désigner un certain type de créature anthropomorphique – alors que les thérians eux parlaient de ce qu’ils étaient, leur identité animale. C’est pourquoi les thérians ont progressivement abandonné l’usage de “were”, afin d’éviter toute confusion entre leur concept d’identité animale, et les créatures fantastiques populaires dans la communauté furry.
Index
- Thérianthropie
- Thérianthrope
- Otherkin
- Thériotype
- Shift, shifting
- Conthérianthrope
- Cladothérianthrope
- Polythérian
- Polymorphe
Pour reprendre une définition utilisée dans un autre texte, la thérianthropie se définie par un état, une perception et un ressenti de soi et du monde non-temporaires qui amènent une personne à se considérer et s’identifier profondément en tant qu’animal (autre qu’homo sapiens), en dépit de sa biologie et de son éducation humaine.
Par “non-temporaire” on entend que cette expérience de soi est spontanée et toujours présente au cours de la vie, elle ne varie pas en fonction des croyances de l’individu; nier son existence ne la fait pas disparaître pour le thérianthrope, tout comme l’auto-persuasion ne crée pas la thérianthropie chez la personne non-thériane. En effet la thérianthropie elle-même ne relève pas de la religion ou d’une spiritualité à laquelle on peut adhérer, c’est un état, une condition non-pathologique, que l’on présente ou non. Chaque individu peut bien sûr par la suite expliquer la raison de son état par des théories de nature spirituelle (comme la réincarnation), ou encore psychologique, neurologique, et cetera.
Il n’y a aucun moyen pour devenir thérian, pas plus qu’il n’y a de solution miracle pour faire disparaître la thérianthropie.
Un(e) thérianthrope est donc une personne qui, bien qu’elle ait conscience d’avoir un corps humain – son expérience ne relève pas du déni ou délire comme la lycanthropie clinique – se vit en tant qu’animal non-humain.
La thérianthropie se différencie du totémisme par le fait qu’un totem est un archétype ou une entité distincte de la personne et qui lui prête des attributs (si intégration il y a, elle reste partielle ou temporaire). Le thérian est l’animal, la facette animale n’est pas séparée avec une personnalité différente de la personne, d’autres motivations, un autre nom, etc.
Le thérianthrope se distingue aussi du furry: un furry est un fan de créatures anthropomorphiques qui possède parfois un personnage animal pour le représenter (fursona, avatar, …). On appelle aussi “furry” ce type de personnage anthropomorphique en question. Le furry relève généralement du fandom et parfois du roleplay, tandis que la thérianthropie est une identité profonde.
Bien sûr il est possible d’être à la fois thérian et furry, qu’on connaisse les termes en question ou non – on peut être une personne-animale fan d’animaux anthropomorphiques, tout comme on peut être un furry qui s’identifie profondément à un animal. Il y a donc certaines personnes qui correspondent aux deux catégories à la fois.
De l’Anglais “other” (autre) et “kin” (pairs, parenté). Il y a deux définitions d’otherkin, ce terme pouvant désigner deux choses selon le contexte:
- otherkin désigne généralement une personne qui s’identifie à une créature non-humaine fantastique/mythologique (elfe, dragon, ange, kitsune…).
- otherkin peut aussi comprendre plus largement n’importe quelle personne s’identifiant à une créature non-humaine, incluant de fait les thérianthropes dans cette définition.
De plus, il est possible de se considérer à la fois comme otherkin et thérian: c’est souvent le cas des personnes phoenix et gryphons par exemple, qui peuvent se sentir à la fois comme la créature de légende et comme une espèce animale d’oiseau et autre en particulier. Les communautés otherkin et thériane ont chacune une origine différente, avec leurs propres terminologie et sites web distincts, même si elles tendent aujourd’hui à se rapprocher.
Le type de créature auquel un otherkin s’identifie est son ‘kintype (comme “thériotype” pour un thérian).
On appelle thériotype [aussi “therioside” en Anglais] , littéralement “type d’animal”, l’animal auquel s’identifie le thérianthrope. Un thérianthrope loup dira “mon thériotype est le loup”, un thérian chat/cygne dira “mes thériotypes sont le chat et le cygne”, etc.
Autrefois les thérians utilisaient les termes “phénotype” et “wereside”, mais ceux-ci sont tombés en désuétude: phénotype désigne généralement un caractère physique en génétique, tandis que wereside a été abandonné en même temps que “were” à cause de la confusion amenée par le furry fandom.
On appelle shift [“changement, transformation” en Anglais] toute variation de l’animalité chez un thérianthrope, comme par exemple se sentir plus intensément animal à un moment donné. Par “shifter” on entend généralement faire l’expérience d’une “shift mentale”, c’est à dire un changement de mentalité ou d’instincts où l’humanité cède place à l’animalité. Même si ce sont les chamboulements les plus drastiques ou spectaculaires qui viennent souvent à l’esprit lorsque l’on parle de shifts, elles concernent même les changements d’animalité minimes et superficiels. La majorité des shifts sont assez modérées, c’est à dire que la personne conserve son “sens de l’humanité” sans se sentir entièrement aliéné du monde qui l’entoure.
Il existes d’autres types de shifts; la plupart des sous-catégories étant superflues, je m’arrêterai sur les principales:
- Shift fantôme: lorsque le thérianthrope se met à sentir un membre fantôme supernuméraire – c’est à dire membre qu’il n’a jamais possédé/dont on ne l’a jamais amputé, comme un museau ou des ailes). Si les membres fantômes se font ressentir de manière stable et constante, dans le cas d’un conthérian par exemple, on ne parle que de “membres fantômes” (ou plus rarement de meta-membres, “meta-limbs” en Anglais) et non pas de shifts.
- Shift onirique: lorsque le thérianthrope rêve qu’il se change en son animal durant son sommeil. Cependant, ce n’est pas parce que l’on a rêvé que l’on s’est changé en tel ou tel animal que c’est notre thériotype… Il est possible d’avoir ce genre de rêve mais qu’ils aient une signification symbolique et non littérale, ce n’est pas une “preuve” de thérianthropie.
- Shift physique: transformation physique en un animal. Celle-ci est impossible en réalité car l’ADN humain ne le permet pas. D’autre part, la dépense énergétique nécessaire pour pouvoir réaliser un tel changement en l’espace de quelques minutes serait tellement énorme qu’elle est tout simplement impossible – et si elle ne l’était pas, le processus serait biologiquement drastique, au point d’être léthal.
- Caméo-shift: une shift “caméo” est une shift (mentale ou autre) vers une espèce autre que celle de son thériotype. N’importe quel thérian ou non-thérian peut en faire l’expérience, que ça soit une bizarrerie psychologique, physiologique, ou l’expression d’un totem animal, selon les croyances de chacun. Cette expérience n’est donc pas propre à la thérianthropie.
La conthérianthropie est une variante de la thérianthropie (en d’autres termes une sous-catégorie). Les conthérians ne “shiftent” pas, c’est à dire qu’ils ne font pas l’expérience de variations dans leur animalité, ou de son intensité, au cours du temps.
Les thérianthropes shiftent car leur animalité et leur humanité sont très légèrement distincts l’une de l’autre, donc il est possible qu’il y ait un va-et-vient entre les deux; une personne dira qu’à certains moments elle se sent plus animale, que l’animal “fait surface”. Généralement elle ressent son animalité constamment “en background”, et celle-ci passe parfois au premier plan en se faisant plus forte.
Un conthérian, lui, n’a pas d’expériences de ce type (pas de variation dans son animalité, il ne shifte pas) car son animalité et son humanité ne sont pas distinctes l’une de l’autre – la personne n’a pas une vision binaire de l’animalité s’opposant à l’humanité, elle est simultanément les deux, “humanimal”. Il n’y a aucune marge de variation d’un extrême à l’autre, puisque pas d’extrêmes du tout, donc le conthérian ne se sent pas plus ni moins animal selon les moments.
La cladothérianthropie est une catégorie de thérianthropie où la personne ne s’identifie pas à une espèce animale précise mais à toute une famille d’espèces parentes, par exemple les canidés, ou les félins, les cervidés, et cetera (le grec “clade” signifie branche). La personne peut avoir le sentiment que son identité animale est “la somme” de toutes les espèces à l’intérieur d’une branche donnée, ou bien encore que son animalité est comme une représentation ou incarnation de “l’essence” commune à ces espèces proches.
Un polythérian (anciennement “polywere”) est un thérian qui s’identifie et shift en plus d’un animal non-humain. Il peut par exemple s’identifier à l’ours et au chien, et faire l’expérience de shifts vers l’un ou l’autre de ces animaux, ou bien les deux simultanément (en une créature hybride par exemple). Il n’y a théoriquement pas de “limite” au nombre d’animaux auxquels un polythérian peut s’identifier, mais en général plus ceux-ci sont nombreux et plus la personne suscite la suspicion. La plupart des polythérians ont deux thériotypes, plus rarement trois voir quatre. Il semble assez courant d’être induit en erreur et de prendre les caméo-shifts d’un animal pour son thériotype, ou croire que son “totem” est l’un de ses thériotypes alors que cette expérience ne relève pas de la thérianthropie.
Un polymorphe ou encore (poly)shifter est un thérian qui n’a pas de thériotype fixe, ou dont le thériotype est une créature qui prend la forme d’autres espèces. Habituellement, le polymorphe possède quelques “formes de prédilection” qui sont les espèces en lesquelles il shift le plus souvent et avec lesquelles son identification est la plus profonde, mais il peut tout de même parfois avoir des shifts en d’autres types de créatures. Un polymorphe n’est pas un thérian indécis ou “qui se cherche encore”, c’est une catégorie de thérianthrope dont l’animalité est très fluctuante par nature.